RDC : Maintien des élèves enceintes dans les écoles – un débat entre inclusion éducative et exigence morale

Une récente circulaire du Secrétariat Général à l’Éducation Nationale et à la Nouvelle Citoyenneté a relancé le débat sur la prise en charge des élèves enceintes dans le système éducatif congolais. Tandis que le ministère appelle à leur maintien dans les établissements scolaires, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) oppose une réserve en ce qui concerne les écoles conventionnées catholiques.

Dans une note circulaire datée du 14 juillet 2025, le Secrétaire Général Alexis Yoka Lulunangu ordonne aux établissements scolaires de garantir l’accès et le maintien des filles enceintes dans le système éducatif. Cette décision s’inscrit dans le cadre des engagements nationaux et internationaux en faveur de l’éducation inclusive et de l’égalité des genres. Le ministère souligne que l’exclusion des élèves enceintes renforce les inégalités et compromet l’avenir des filles.
Il est donc demandé à chaque établissement de permettre à ces élèves de poursuivre leur scolarité sans aucune exigence administrative supplémentaire ni sanction liée à leur état de grossesse. La circulaire insiste sur le fait qu’aucune exclusion ou discrimination ne peut être tolérée à ce sujet.
Trois jours plus tard soit le 16 juillet 2025, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), par l’entremise de son Secrétaire à l’Éducation Chrétienne, l’Abbé Emmanuel Bashiki K., répond par une note d’orientation adressée aux écoles conventionnées catholiques.
La CENCO rappelle que selon l’Article 5 de la Convention spécifique sur l’Éducation, ces écoles ont le devoir de promouvoir la moralité et la discipline, notamment en matière de mœurs. De ce fait, elle considère que l’application automatique de la circulaire ministérielle dans les écoles catholiques ne peut être envisagée. Elle précise d’ailleurs que le Secrétaire Général de l’Éducation n’a pas adressé sa lettre aux coordinateurs des écoles conventionnées catholiques, ce qui, selon elle, exclut formellement ces dernières de la mesure.
La CENCO recommande néanmoins aux écoles catholiques, dans les cas de grossesse, de rediriger les élèves concernées vers les établissements publics visés par la circulaire, soulignant leur volonté d’éviter l’exclusion tout en préservant leur ligne éthique et doctrinale.
Cette divergence met en lumière deux visions de l’éducation : l’une, gouvernementale, axée sur l’inclusion et l’égalité des chances pour toutes les filles, l’autre, confessionnelle, soucieuse de préserver des principes moraux stricts.
Les réactions à cette double prise de position ne se sont pas fait attendre dans l’opinion publique. Tandis que certains saluent la volonté du ministère de lutter contre les abandons scolaires liés à la grossesse, d’autres soutiennent la position de la CENCO, qui privilégie la rigueur morale comme pilier de l’éducation.
Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 approche, les établissements scolaires se retrouvent face à un dilemme d’application. Les écoles publiques devront mettre en œuvre la directive ministérielle. En revanche, les écoles conventionnées catholiques continueront à appliquer leurs règles internes, tout en orientant les élèves enceintes vers d’autres structures.
Ce débat met en exergue la complexité de concilier les droits des élèves, les impératifs éducatifs et les valeurs éthiques dans un système éducatif pluriel. Le sort des jeunes filles enceintes, et leur avenir éducatif, dépendra désormais de la capacité des différents acteurs à dialoguer dans un esprit de justice, de bienveillance et d’efficacité.

Agnelle Mola | equateurnews

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