Haut-Karanga : Le Gouverneur Kyabula paie le prix de son discours
Le gouvernement central a officiellement suspendu Jacques Kyabula Katwe de ses fonctions de gouverneur de la province du Haut-Katanga. Cette décision est intervenue suite à une série de tensions politiques et administratives, marquant un tournant dans la gestion de cette province stratégique du sud de la République démocratique du Congo. Martin Kazembe Shula, jusque-là vice-gouverneur, a été désigné pour assurer l’intérim à partir du 16 juillet 2025.
La mesure, rendue publique par un télégramme officiel du ministère de l’Intérieur, a été justifiée par l’indisponibilité déclarée de Jacques Kyabula, lequel a évoqué des problèmes de santé pour ne pas répondre à une convocation émise par Kinshasa. Mais derrière cette justification formelle, plusieurs observateurs y voient une sanction politique déguisée, consécutive à une série de déclarations du gouverneur suspendu jugées déplacées par les autorités centrales.
Dans un climat tendu où la scène politique nationale est marquée par la guerre à l’est du pays et les accusations portées contre certaines figures de l’ancien régime, la sortie médiatique de Jacques Kyabula le 30 juin dernier à Lubumbashi a été perçue comme une tentative de brouiller le message officiel du gouvernement. En affirmant publiquement que Joseph Kabila et Corneille Nangaa, tous deux soupçonnés de complicité avec les rebelles du M23, étaient « des Congolais avec qui il fallait régler les différends en famille », Kyabula aurait suscité l’incompréhension, voire la colère de l’Union sacrée. Ses propos ont été interprétés comme un positionnement ambigu, voire complaisant à l’égard des acteurs que Kinshasa considère désormais comme hostiles à la République.
Le ministère de l’Intérieur avait réagi dès le 8 juillet, en adressant au gouverneur un message lui enjoignant de se rendre à Kinshasa « toutes affaires cessantes » pour consultation. Ce dernier n’a pas donné suite à cette convocation, prétextant une situation médicale délicate. Deux jours plus tard, il se déclarait officiellement indisponible. Kinshasa n’a pas tardé à activer l’article prévoyant l’intérim en cas d’empêchement prolongé, afin d’assurer la continuité des affaires publiques.
Cette suspension marque un épisode de plus dans les tensions politiques entre le Haut-Katanga et Kinshasa, et pourrait avoir des répercussions sur les alliances locales, notamment en vue des prochaines échéances électorales.
Dada Yassim | equateurnews