Mendier dans les rues au nom de la maladie : abandon social ou commerce de la souffrance ?
Sur les grandes artères de Kinshasa, entre klaxons, poussière et cris de vendeurs, une autre voix tente de se faire entendre : celle des malades. Ou plutôt, de ceux qui mendient pour eux.
À chaque feu rouge, chaque carrefour, une pancarte, un dossier médical écorné, et une supplique : « Aidez cette personne malade et dépourvue de moyens. »
Ce phénomène social, aussi déplorable qu’inquiétant, s’intensifie de jour en jour sous le regard indifférent des autorités urbaines. La population, elle, reste livrée à elle-même, entre pitié, doute et résignation. Si certains estiment que ces personnes n’ont d’autre choix que de solliciter de l’aide, d’autres dénoncent une pratique qui frôle l’exploitation émotionnelle.
Deborah K., interrogée à ce sujet, déclare : « Je pense que ceux qui se livrent à cette pratique sont vraiment dans le besoin. Et à défaut de voler ou de faire pire, ils préfèrent recourir à la rue pour trouver un peu d’aide. »
À l’opposé, Jonathan M. exprime une vision plus critique : « Je trouve illogique de se présenter en pleine rue avec un malade pratiquement dans un état critique et passer toute la journée à quémander. Ces personnes ont une famille, des proches, un entourage.Pourquoi exposer ainsi la souffrance d’un être cher ? Cela peut même empirer l’état de santé ou provoquer une dépression. »
Et pendant que les opinions se divisent, une question demeure : où sont les services sociaux ? Où sont les politiques publiques de santé pour les plus démunis ? Pourquoi faut-il s’humilier pour obtenir une perfusion, une opération, un traitement ?
Kinshasa est en train de normaliser un phénomène inacceptable : transformer la maladie en spectacle et la rue en hôpital de fortune.
Ce n’est pas la charité du peuple qu’il faut blâmer, mais bien l’indifférence des autorités. La souffrance ne devrait jamais devenir un argument de survie. Et mendier pour vivre ne devrait jamais être la seule option d’un citoyen malade.
faut-il supplier pour avoir le droit de guérir ? Un appel est lancé aux autorités compétentes afin de trouver des mesures urgentes et humaines face à cette misère qui se montre à visage découvert, chaque jour, au coin de nos routes.
Agnelle Mola | equateurnews